Derrière un titre magnifique, Sous le voile de nos silences, sa réalisatrice Délia Ido parle d’Inceste, Son film a reçu le Prix Alice Guy du 6e Festival du Film au Féminin de La Réunion.

Délia Ido remporte le 2e Prix Alice Guy décerné à La Réunion

Son voyage a été long, depuis Ouagadougou (Burkina Faso) où elle travaille jusqu’à La Réunion où est implantée la première partie du Festival international du film au féminin. Mais, il valait le coup ! Dans son projet de « dénoncer les traditions qui persistent et derrière lesquelles on abuse les populations et en particulier les femmes », la jeune réalisatrice Eboubié Yasmine Délia Ido, dite Délia Ido, frappe un coup fort. Sous le voile de nos silences, son second court métrage, traite de manière frontale de l’inceste et de ses ravages, un sujet rarement abordé par le cinéma africain.  Il lui a valu de remporter le 2e Prix Alice Guy – Festival international du film au féminin de La Réunion le 6 décembre 2025.

Sous le voile de nos silences de délia Ido, prix Alice Guy à La Réunion - prixaliceguy.com

La famille de Sous le voile de nos silences de Délia Ido

Deux autres films étaient en lice qui eux aussi mettaient en scène les violences intrafamiliales et conjugales, un fléau qui place La Réunion à la deuxième place des départements de France les plus touchés par cette violence. Sous le voile de nos silences a été distingué par un vote conjoint des partenaires et des invités de cette sixième édition du festival.

La première réalisatrice burkinabé récompensée

Sous le voile de nos silences de Délia Ido, prix Alice Guy à La Réunion - prixaliceguy.com

Edith Semanni, fondatrice du Festival International du Film au féminin de La Réunion et la lauréate du Prix Alice Guy 2025, Délia Ido pour Sous le voile de nos silences

« Alice Guy, je n’en avais jamais entendu parler, avoue Délia Ido. Je suis très honorée d’avoir reçu ce prix surtout depuis que j’ai appris ce qu’elle avait fait à l’époque où elle l’a fait. C’est impressionnant et révoltant. Ce Prix Alice Guy nous dit, à nous les femmes, que nous avons toute notre légitimité à réaliser des films même si l’histoire fait semblant de ne pas s’en souvenir ».

 

Fille d’un biologiste dont elle partage la passion, Délia rêvait de devenir médecin. Elle étudie finalement la nutrition et perd brutalement ce père adoré, l’année de son master. Elle prend alors conscience que la vie est fragile et qu’elle n’en aura qu’une. Le frère d’une amie, le réalisateur Gaël Béré, cherche un sujet pour un court-métrage. Délia lui confie qu’elle écrit depuis toujours, qu’elle participe même à des concours littéraires et lui propose une de ses nouvelles qu’il adapte. Invitée sur le tournage, elle y puise l’envie de se former à l’écriture de scénario.

 

Un réseau d’aide aux femmes cinéastes africaines vertueux

Au cours des deux ans qu’elle passe accompagnée par l’association Taafé-vision, qui met en avant les femmes dans les métiers du cinéma et de l’audiovisuel, Délia se donne toutes les chances que son scénario soit choisi pour être réalisé. Au pied du mur (2023) qui traite du mariage forcé est primé au Festival international des films de femmes de Cotonou (Bénin) et aux Rencontres cinématographiques de Sya (Burkina Faso).

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Le père et la fille de Sous le voile de nos silences de Délia Ido

En parallèle, elle intègre un programme de mentoring pour se former à la réalisation. Sa mentor est la réalisatrice Apolline Traoré qui vient de mettre en place les Elles du cinéma. C’est elle qui produira Sous le voile de nos silences, en compétition au Fespaco en février 2025 et montré depuis dans plusieurs festivals à travers le monde (au Bénin, en Belgique, au Québec, au Cap vert… ). Le film inspiré par d’une voisine qui souffre de troubles mentaux et qui est, lors de crises, parfois enchaînée par les siens, traite de l’inceste et de ses ravages. « Un sujet rarement abordé par le cinéma africain, remarque Délia Ido.

C’est la première fois qu’une cinéaste burkinabée est récompensée d’un Prix Alice Guy. Bravo à Délia Ido !